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9 janvier 2007 2 09 /01 /janvier /2007 09:19
Richard Millet,  Pierre Bergougnoux et Pierre Michon
Jcf tente une comparaison entre les trois oeuvres
Quelques réflexions sur des livres dont les auteurs sont originaires de Corrèze et de la Creuse.
  Il s'agit de "Miette", par  Pierre Bergounioux,  de "Vies minuscules", par Pierre Michon, et de plusieurs livres de Richard Millet appartenant à son cycle "Correzien" : "Ma vie parmi les ombres", "Lauve le pur", "l'amour des soeurs Piale", "la gloire des Pythres".
 JPD (Daudé) m'avait fait découvrir  Bergounioux à propos de Millet, que j'apprécie beaucoup et que je lui signalais dans un des nos échanges sur le net. Je crois que JPD a un avis beaucoup plus mitigé que moi sur ces deux auteurs. Peut-être consentira-t-il à nous faire part de son regard de Correzien autorisé (pas au sens de Coluche !! vous savez :"Ils pourraient s'autroriser à fermer leur gueule....") sur la question.
Apparemment les trois compères se connaissent bien, mais n'appartiennent pas à une "école" ou à un mouvement littéraire plus ou moins provincial, comme l'école dite "de Brive", qui, elle, est considérée - je ne sais si c'est à juste titre n'ayant jamais lu aucun des auteurs en question et je m'autoriserai donc à fermer ma gueule sur ce sujet - comme plutôt "provincialiste" dans le mauvais sens du terme.
Bergounioux est né à Brive, mais comme Millet, est rapidement monté à Paris Il est prof de lettres modernes et sculpteur... Millet gagne sa vie de ses romans et de son travail chez Gallimard. C'est lui qui a conseillé à Gallimard de publier les bienveillantes, alors que le futur Goncourt avait été refusé par plusieurs maisons d'édition et qu'il n'avait lu que les 300 premières pages du livre. Quelqu'un qui a un tel flair de lecteur ne peut pas être totalement nul......
Millet est plutôt conservateur, passéiste, voire carrément réac diront certains (et ceux-là seraient injustes de le considérer comme tel à mon avis. Conservateur certainement, réac non...) Bergounioux à été au PCF, est toujours disons.... plutôt progressiste je crois.
Michon fut Mao.
Mais cela a-t-il vraiment de l'importance pour juger de la qualité d'une oeuvre ?
Michon, lui, est originaire de la Creuse, des Cards exactement (tu connais Achille ?  Où c'est ksé ???), a fait des études à Clermont, a appartenu à une communauté théâtrale, avant de sombrer dans l'alcoolisme, puis de se quasi clochardiser, selon ses propres dires. Ma compagne l'a connu lorsqu'elle était étudiante à Clermont......... Elle s'en souvient comme d'un garçon torturé, complexé, conscient du manque d'attraction qu'il exerçait sur les femmes......
Il vit à côté d'Orléans, très solitaire,  dans un appartement très petit... Certains le situent à Nantes, où il s'est installé pour être près de sa fille...
En tout cas, les trois compères partagent tous la même nostalgie d'une certaine époque pas si lointaine et pourtant à jamais révolue et de ce qu'ils dépeignent,  peut-être improprement, comme une "culture" ou une "civilisation" paysanne inscrite dans une géographie assez précise, d'un mode de vie.. le tout disparu (toujours selon eux...) en moins de trente ans, englouti par les vagues modernistes des trente glorieuses, ... Bergounioux fait remonter ce début de la fin à plus tôt, et  le dit admirablement à propos des bouleversements sociaux et économiques qui allaient causer la première guerre mondiale: "C'est 1910. Le temps monte des plaines. Il s'insinue dans les vallons, gravit les pentes comme un ruisseau remontant à la source, l'éveillant. Il infiltre l'arène pâle, esquisse les lointains. La guerre précipite son cours...."
Ce qui m'interpelle à la lecture des ces trois écrivains, c'est :
- la proximité du style, de la phrase  : Une syntaxe très .... oui, ,n'ayons pas peur des mots...... Proustienne en fait, tentant de rendre je crois- ,peut-être maladroitement, mais je ne le pense pas  - par ses détours, ses circonvolutions, l'immobilité ou plutôt la "circularité" de la société dont ils parlent,  de la civilisation paysanne de cette partie de la France avant une certaine entrée dans le temps linéaire de l'histoire, processus qui s'est accéléré, après la deuxième guerre mondiale et qui est bien rendu, je crois dans les trois oeuvres différentes.
- La disparition programmée,mais survenue dans les dernières décennies seulement, de cette "civilisation", perdue désormais selon eux, qui était ancrée dans le temps cyclique, répétitif de la vie des petites gens des hauteurs de la Marche et du plateau de Millevaches, qui était chevillée dans les gestes et attitudes - voire dans des types humains chez Bergounioux, pourtant non soupçonnable de sympathie pour des thèses neo-racistes - immémoriaux, se dupliquant à l'identique, depuis toujours, ce thème étant présent de manière quasi obsessionnelle, chez les trois auteurs.
- Le fait que les trois écrivains tentent, à leur manière souvent assez semblable, de rendre compte de la difficulté qu'ont les êtres nés dans ces "hauts" inhospitaliers, mêmes ceux qui ont fait des études, à s'arracher à la tourbe, au milieu confiné de leur naissance, qui condamne les hommes (et surtout les femmes...)  à inscrire leur vie dans le rayon limité du hameau qui les a vus naître, ou à y retourner inexorablement quand même, après leurs aventures, leurs études ou à la fin de leur vie, comme la plupart des personnages principaux, qui ne peuvent s'arracher à leur terre, ne serait-ce que par la pensée. On peut avoir l'impression, en lisant ces oeuvres parallèles, que le granit et la lande de ces contrées austères, génèrent, allez lançons-nous... un certain style des  hauteurs modestes, arides et sombres - pas les sommets de la chaîne des Puys, lumineux et majestueux , ceux que les protagonistes aperçoivent parfois au loin, et qui sont porteurs, eux, au contraire des plateaux limousins ou creusois, d'un espoir d'échapper au cercle étroit dans lequel s'inscrit leur petite vie - distillent (les hauteurs modestes et arides...) la même vision pessimiste du monde que chez les personnages (il faudrait dire parfois les ombres) peuplant leurs écrits. C'est un peu comme si  le même regret nostalgique de huis-clos culturel, de cloaque familial et social étouffant, qui a pourtant opprimés les enfants et adolescents, les jeunes hommes et femmes qu'ils furent, hantait leurs souvenirs, suintait dans les détours méandreux (certains diront laborieux !) de leur écriture..
Certains personnages arrivent bien à fuir définitvement, mais cette extraction est toujours douloureuse, jamais vraiment bénéfique, soit pour eux, soit pour leur entourage, que ce soit la mère du narrateur récurrent de Millet, qui fait le malheur de son fils en allant vivre à la ville, en quittant le père et en abandonnant son petit à ses tantes, en le laissant pour toujours ressasser, sa rancoeur d'enfant mal aimé dans le cycle corrézien de Millet, que ce soit le personnage d' Adrien dans "Miette", qui va travailler à la RATP à Paris pendant quarante ans, mais qui revient finir ses jours au village, abandonné de sa femme, sans enfants, ou bien encore que ce soit le personnage de la première des nouvelles du recueil de Michon (André Dufourneau), qui part en Afrique, pour devenir quelqu'un, ne plus être un paysan, une ombre parmi d'autres ombres, ou faire fortune (comme Rimbaud, le modèle inaccessible de Michon. dont l'exil, pour ce dernier, ne se trouve pas à Aden mais bel et bien dans l'écriture même...), De Dufourneau, qui est une sorte de Rimbaud presque illettré, on dit au village qu'il a  pu être tué par les noirs dont il exploitait la sueur pour devenir un monsieur.
- On retrouve également la même vision tragique de la destinée chez ces trois romanciers, la même que chez un Duneton, lui aussi corrézien (tiens tiens, un autre !!), dans ses romans (Le monument par exemple, sur la grande guerre..) et ce qu'il nous dit de manière plus explicite, dans des écrits plus biographiques ou pédagogiques, de sa condition d'enfant de paysan qui ne peut, malgré ses succès scolaires, se sentir en harmonie avec les citadins et les bourgeois, tous ceux qui parlaient le français à la maison, qu'il coitoiera ensuite dans sa vie d'adulte, de prof, d'écrivain...
Je me dis d'ailleurs qu'il serait peut-être intéressant d'aller voir du côté de Giraudoux (autre limousin...) si ces thèmes apparaissent déjà chez lui.
J'ai fait mon mémoire de fin de 4ème année d'école normale sur lui (mais sur son théâtre seulement) Je ne me souviens pas y avoir rencontré de telles problématiques. Mais cela n'est vraiment pas une référence, tant j'étais bête à l'époque et peu préoccupé de la disparition des modes de vie ruraux.............et de la nostalgie qui pouvait étreindre les "croûlants" à l'idée que leur monde disparaissait........
Bon enfin, assez bavassé jcf. J'espère seulement que vous pourrez partager avec moi un peu de l'émotion que j'ai à lire ces auteurs et que, (why not ?), nous puissions un jour en  parler, que ce soit sur le net (on peut rêver...), sur notre site, ou de vive voix.............
Et puis je me dis aussi que nous venons tous (ou presque..) du massif central et que nous devons tous partager un peu les obsessions des ces romanciers, la nostalgie d'une époque, de lieux, d'une campagne... assez identiques, que nous avons connus au sortir de la guerre.
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7 janvier 2007 7 07 /01 /janvier /2007 16:35

Jcf a vu Borat
Je viens de voir Borat, hier soir dans mon ciné club de banlieue.
Au cas (assez improbable) où vous n'en auriez jamais entendu parler, il s'agit d'un film commis par l'humoriste Sacha Baron cohen, qui s'est rendu célèbre au Royaume Uni par ses interviews télévisés dans lesquelles il piège des personnalités ou des quidams par des questions  provocatrices,  politiquement très incorrectes, en tentant de révéler le racisme latent de la population, en obtenant parfois que les personnes interviewés, ne se rendant pas compte qu'ils sont victimes d'une fausse interview, se lâchent.
Dans le film, il  joue le rôle d'un des  personnages de ses shows télévisés, un journaliste kazakh, particulièrement trash et improbable, qui est chargé, par le gouvernement de son pays, d'aller enquêter aux USA pour découvrir la culture du pays et  "améliorer " le niveau culturel de ses compatriotes, en leur faisant découvrir la manière dont vivent et pensent les américains.
A côté de Sacha Cohen, nos humoristes de la télévision qui sont considérés comme "borderline", les Bafi, Lafesse et autres Mickaël Youn, paraissent des enfants de coeur cathos bien pensants tout droit sortis du couvent des oiseaux.
Le film est une sorte de croisement (en beaucoup plus vulgaire) entre Monthy Pytho, Groucho Marx et certaines séries américaines très trash, comme "Jackass", très appréciée des ados (de mes gosses en tout cas !), dans laquelle des cascadeurs imbéciles tentaient des choses dangereuses, provocatrices, déclaraient aimer se faire mal, risquer le danger de manière gratuite.
Pour ma part, j'ai quand même beaucoup rigolé, même si je me suis senti mal à l'aise par moment.
Âmes sensibles, allergiques à la vulgarité, et pensant que l'on ne peut rire de tout, surtout lorsque l'on s'attaque à des minorités ethniques, s'abstenir..
Pour vous donner une idée du caractère  très limite de l'humour de Cohen (même moi qui ne suis pas bégueule, j'ai été par moment déstabilisé par la trashitude de certaines scènes et dialogues), voici quelques exemples de provocations contenues dans ce film qui ne ressemble à aucun autre, qui est une sorte' d'OVNI particulièrement décapant et utile pour faire réfléchir sur le monde d'aujourd'hui :
- Au début, le journaliste Kazakh parlant un anglais improbable (idéalement il faudrait voir le film en anglais) nous présente son village. Les scènes ont été de toute évidence prises en Roumanie, dans une campagne laissée exsangue après la tentative de paradis socialiste à la sauce Ceaucescienne. Les figurants n'ont pas besoin de jouer un rôle pour obtenir l'effet recherché par Cohen, une impression de réel "documentaire" tourné dans un pays imaginaire (à peine !), particulièrement attardé, dans lequel les hommes et les femmes semblent tous alcooliques, imbéciles, ressemblent à des malades mentaux ou à des moujiks de la russie tsariste, dans lequel, aujourd'hui comme sous le joug soviétique - c'est quelqu'un qui s'est bien baladé dans tous ces pays à l'époque où l'on se proposait de créer un "homme nouveau - sévissent encore, de manière assumée, "naturelle" presque, non honteuse, le racisme, l'antisémitisme, le sexisme dans leurs manifestations les plus outrancières .
Je passe les détails, mais qu'il me suffise de dire que l'on y assiste à un "lâcher de juifs", grande fête villageoise annuelle au cours de laquelle des "géants" en carton pâte de carnaval, 'un "mâle" et une "femelle" au type sémite plus que prononcé,  sont traînés par les rues, la "femelle" pondant un oeuf sur lequel se précipitent les enfants pour le détruire avant qu'il n'éclose.. Tout un programme...
D'ailleurs, tout autant que les juifs, Borat et ses compatriotes haïssent et méprisent les femmes, les gitans et leurs voisins ouzbeks. Ces derniers étaient pourtant il n'y a pas si longtemps des "frères soviétiques". Je me souviens, pour avoir accompagné des voyages dans ces anciennes républiques de l'union soviétiques, que le premier monument que l'on nous emmenait voir était celui, très stalinien, dédié à "l'amitié éternelle entre les peuples frères d'Union soviétique". On a vu ce que cela a donné une fois la chappe de plomb totalitaire levée......
Je me suis amusé à parcourir les critiques françaises et anglo-saxonnes de ce film. Les critiques françaises, évidemment,  veulent surtout y voir uniquement une satire de l'Amérique fondamentaliste de Georges Bush..
Cette dimension est présente certes, pas de doute à ce sujet. Mais comment ne pas voir dans le choix du Kazakhstan comme pays "imaginaire",  cette dictature post soviétique bien réelle alliée à l'Amérique, dont le président et la population non russe sont musulmans, une critique détournée (pour des raisons de sécurité évidente. On se méfie des fatwas depuis Salman Rushdie !) des pays  arabes et  de l'antisémitisme déferlant (sous couvert d'anti sionisme) qui prévaut dans tous ces pays. Là encore, c'est quelqu'un qui a vécu trois ans en Algérie qui vous le dit......  Le héros, par exemple, qui n'est jamais désigné comme tel, mais dont on comprend aisément qu'il est musulman, dit par exemple ne pas vouloir prendre l'avion aux USA car les juifs y détourneraient les avions pour les envoyer dans des gratte ciel, comme ils l'on déjà fait à New York. Et de fait, une rumeur selon laquelle les juifs n'étaient pas allés travailler au World trade Center le jour fatidique du 11 septembre 2001 circule dans tous les pays musulmans. Si vous ne me croyez pas, j'ai même entendu une amie algérienne, pourtant très évoluée (docteur..), m'expliquer que  le "9/ 11" pourrait bien être un complot du sionisme international......et reprendre cette fable des juifs absents dans le building ce jour là........  Cohen n'est donc pas si loin de la réalité, malgré ses outrances...

Comment ne pas voir également, dans la présentation faite du village natal du héros et du Kazakhstan, une critique féroce du sytème communiste, qui a produit à l'époque et continue à le faire, de manière posthume après sa chute, une telle idéologie raciste et ultra nationaliste, proche de celle qui sévit dans l'Amérique que va parcourir le héros lors de son périple transcontinental, pire par certains aspects, que sa version transatlantique et fondamentaliste...
Mais il faut bien reconnaître que l'Amérique en prend un sacré coup et qu'à mon avis, la critique est ici beaucoup plus efficace, plus convaincante que dans le film de Michael Moore sur l'Amérique de Georges Bush.
Quelques exemples encore, sachant que l'on n'est jamais tout à fait sûr si les interviews sont réels, ont été pris sur le vif, avec des personnes vraiment piégés, ou si certains épisodes sont mis en scène avec un effet de réel :
- Borat pose des questions à des féministes (cet épisode me semble réel, avoir été tourné sans scénarisation préalable). A sa question sur le féminisme, une des militantes répond, tout naturellement, que c'est la théorie selon laquelle les hommes et les femmes sont égaux en tous points, ce qui fait rigoler Borat, qui leur retourne que , quand même, elles ne croient pas que le cerveau des femmes soit aussi développé que celui des hommes, non ?. Le reste du dialogue de sourd est tout à l'avenant et devient carrément scato sur les organes sexuels féminins. Borat s'adresse à la féministe proche de lui en l'appelant, en anglais "pussycat"..........On ne sait pas trop si l'on doit rire et de quoi : De la stupidité et de la vulgarité de Borat ? De notre gène à entendre ces énormités, bien que nous sachions qu'il s'agit de choses à comprendre au 30ème degré,  ? De l'incapacité des féministes interrogées à débusquer la supercherie de l'interview et à en rire carrément avec le prétendu vrai/faux journaliste kazakh ? Au delà de l'incongruité de la weltanschaung Boratienne, c'est aussi notre bienpensance politiquement correcte qui est mise en cause, je pense, dans cet interview, comme dans les autres sketches.
- Un autre exemple : Avant de se lancer à la découverte de l'Amérique profonde, Borat interroge un spécialiste en humour. Cette scène me semble également authentique et ne semble pas avoir été scénarisée. Evidemment tous les exemples d'énormités sur les gitans, les femmes, les juifs, etc..., qu'il donne à son interlocuteur ne sont pas considérées  comme pouvant être drôles, pour des américains,  par le spécialiste es-humour,US car politiquement incorrectes. Comme les féministes, il ne semble pas comprendre rapidement qu'il est piégé, mais continue à répondre sérieusement et poliment tout en se demandant quand même un peu  si "c'est du lard ou du cochon"
- Et  tout est à l'avenant : Borat pose des questions absurdes à des "rednecks" (réacs) du middle west, et cette fois, les réponses qu'il obtient montrent que ses interlocuteurs (étudiants en bringue dans un camping car, vendeur d'armes, spectateurs dans un rodéo, blacks du ghetto, etc.....) ne sont pas loin de partager, bien que chrétiens (fondamentalistes pour la plupart) alors que lui est musulman, les mêmes valeurs racistes, ultra nationalistes, archi sexistes, homophobes..... que lui : Il  demande notamment :
       * à un vendeur de voitures d'occasion si les véhicules qu'on lui présente seront cabossés en écrasant des gitans,
        * à un marchand d'armes si on peut canarder les juifs sans crainte d'être inquiété,
         * à un moniteur d'auto école s'il peut écraser des gitans
         * à beaucoup d'hommes dans la rue ou dans le métro s'il peut les embrasser comme on fait au Kazakhstan et se fait bien évidemment traiter de sale pédé par certains, sauf par des homos rencontrés (pour de vrai ?), dans une gay pride, qu'il ramène à son hôtel, avant de découvrir avec effarement et consternation le lendemain, lors d'un autre interview avec une télévision locale (fausse et scénarisée sans doute celle là), que ces gens qu'il a trouvé si amicaux, qui ont essayé de lui introduire un poing en plastique dans l'anus, qui ont peut-être réussi à le faire eu égard aux symptômes qu'il ressent après cette petite réunion sympathique entre amis, étaient...ce que l'on appelle au kazakhstan...et ailleurs......  des "homosexuels", c'est à dire, selon lui et ses compatriotes des pervers méprisables, qui, comme les juifs, gitans et autres.... vermines nuisibles... devraient être exterminés.......
La critique de l'Amérique est donc bien réelle et féroce, mais à mon avis, les critiques françaises, toutjours promptes à fustiger les américains, à considérer que cela ne serait possible que là-bas, dans un ailleurs Bushien fondamentaliste, seraient bien avisées de regarder la poutre dans l'oeil français également. Les interlocuteurs de Borat, même les plus fieffés conservateurs, montrent en effet, à son égard, même ceux qui désapprouvent fortement ses outrances,  une patience et, pour certains, un humour dont je ne suis pas certains que tous les gaulois feraient preuve s'ils  étaient confrontés à une telle situation.
Autre épisode affligeant: Lui et son compère, en route vers la Californie pour aller rejoindre Pamela Anderson dont Borat est tombé follement amoureux en consultant un mensuel ou les vedettes de Baywatch (Alerte à Malibu) sont interviewées et prises en photo, s'arrêtent dans un Bed and breakfast. Lorsqu'ils découvrent que leurs hôtes sont juifs, ils refusent la nourriture qui leur est proposée, pensant bien évidemment qu'ils vont être empoisonnés, s'enferment dans leur chambre craignant d'être égorgés en pleine nuit, et lorsqu'il aperçoivent des cafards  pénétrant dans la chambre en se glissant sous la porte,  déclarent que les juifs se sont déguisés, leur jettent de l'argent pour les convaincre de les laisser fuir, ce qu'ils font sans attendre de voir s'ils doivent leur salut à l'avidité des juifs/ cafards envers l'argent qui leur a été proposé.
Seul un juif (l'humoriste s'appelle Cohen, il n'est pas inutile dele rappeler ...), peut  oser de telles plaisanterie . Mais malgré cela, certains vont sans doute penser et nous dire que de telles scènes banalisent l'anti sémitisme, sont même carrément antisémites..  Je leur laisse la responsabilité  de leur connerie.....

A la fin, on assiste à un rassemblement fondamentaliste surréaliste, lors duquel des politiciens (bien réels, comme l'est le début de la scène probablement) interviennent auprès d'un prédicateur complètement déjanté et rappellent que l'Amérique est un pays chrétien et que les valeurs défendues par les extrémistes de tous bords sont les seules qui vaillent car veant de Jesus lui-même. A la fin, dans une partie de la scène sans doute scénarisée, (mais on n'en est pas trop sûr !) Borat sent l'appel de Jésus, entre en transes entouré par des croyants fanatisés et se convertit au christianisme. En retournant dans son pays, il annonce que, suivant son exemple, tous les kazakhs sont devenus chrétiens et on voit un groupe de paysans embrocher à la fourche un personnage (sans doute un juif) crucifié.

Je m'arrête là avant que certain(e)s d'entre vous, plus délicat(e)s que moi,  ne choppent un brin de nausée et n'aient absolument pas envie de voir le film et de nous faire part de leurs commentaires, ce qui n'est pas le but recherché par ces lignes, bien au contraire.....

Quelques liens intéressants :
Télérama sur Borat    => Des pages intéressantes sur le film     => Borat sur wikipedia   => Sur Sacha baron Cohen, le créateur du pesonnage 
=>
Les anglicistes et ceux qui se débrouillent assez bien dans cette langue pourront trouver eux-mêmes , s'ils le souhaitent, le chemin des sites en anglais. C'est très intéressant pour se rendre compte de la manière dont les français n'y voient qu'une critique des USA, là ou les anglos-saxons (y compris les américains), tout en retenant également la critique de l'Amérique, sont également sensibles à la  convergence entre fondamentalistes chrétiens, et musulmans, ce qui me semblent être une posture plus équilibrée et plus juste.
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7 janvier 2007 7 07 /01 /janvier /2007 16:33
Jcf a vu Ben hur à la télé le soir du réveillon
Pour le réveillon du 31, nous nous sommes retrouvés tous les deux seuls, avec ma gonzesse, celle que chuis avec, sans trop nous faire la gueule....
On a terminé à la télé, devant..mais oui.... Ben Hur ...
Après avoir déchiré Messala sur son char (il est pas un peu pédé lui... Messala, avec un nom comme ça ??), Ben Hur, à pied cette fois, ayant enfin écouté les nombreuses injonctions d'arrêter son char qui lui étaient faites depuis la sortie du film, s'est lâchement converti au christianisme sur le coup des 12h30 sans même nous prévenir qu'on avait changé d'année. Pas sympa le locdu.........
Du coup j'ai raté une très bonne occasion de rouler une pelle à ma concubine préférée............
Mais faut que je vous essssssplique mieux les choses : Ben Hur, il était devenu tout con après avoir abandonné, dans un mouvement écologiste généreux, son moyen de locomotion favori mais particulièrement polluant (because le crottin de cheval). Y déambulait donc dans les rues de Jérusalem, et après avoir rencontré le regard du prophète avant que celui-ci se  fasse clouer les ripatons et les mimines sur la croix ( mais pas le bec malheureusement depuis 20 siècles qu'il nous gonfle...), mon Ben Hur, au lieu d'aller faire le grand prix de formule 1 à Rome et de devenir champion du monde des conducteurs de chars, il est allé se faire chier à soigner les lépreux. T'as qu'à voir (prononcer ouarrre, à la Montluçonnaise...)
Heureusement, pour le remercier, l'aut', celui qu'on voyait que de dos mais que tous ceux qui le regardaient, même les plus libidineux, y s' mettaient à avoir un regard de puceau magnifique qu'a l'air d' y avoir jamais touché, y lui a soigné sa mère et sa soeur vite fait vien fait et on sait pas comment y z-ont fini tous les Quatre avec la gonzesse à ben Hur......
Moi j'aurais préféré qu'y nique la race à tous ces cons de romains, comme Astérix et Obelix, mais on choisit pas son programme..
Du coup, dépité, j'ai fini tout seul sur le sofa devant Bigard  qui déconnait sur la sexualité des animaux.... ça volait pas haut mais c'était quand même mieux, pour remonter le moral, que Ben hur,....

Bon, c'est terminé pour ma chronique biblique et cinématographique.
Que les croyants se rassurent, je déconne bien sûr, même si, comme chaque année à cette époque, j'ai fait une overdose (à la télé seulement...) de chrétienté, de christianisme et tout le toutime....

Le très pieux et très sage Tonton jcf
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7 janvier 2007 7 07 /01 /janvier /2007 16:30

Jcf a revu le guépard à la télé :
Un film d'une rare beauté, que l'on a toujours plaisir à revoir, et qui, comme tous les très grands films, ne vieillit presque pas.
Que l'on songe par contraste, à Guerre et paix, film programmé également sur Arte un peu avant. King Vidor, le réalisateur n'est pourtant pas le dernier venu, mais il assaisonne le monument de Tolstoy, ZZZe roman historique par excellence, à la sauce hollywoodienne, particulièrement mièvre et indigente.
Ce film là, comme bien des films hollywoodiens des années soixante, semble particulièrement daté.
Le guépard (le film) au contraire, bien que je n'aie malheureusement pas lu le roman de Lampedusa duquel il est adapté et dont on dit que c'est une chef d'oeuvre, ne semble pas trahir l'oeuvre dont il est inspiré. Il faudrait bien sûr avoir lu le roman pour le dire avec certitude, mais on a le sentiment, que les dialogues reflètent, sinon  citent à la lettre certains passages résumant l'esprit, l'atmosphère et la problématique centrale de l'oeuvre littéraire. Les réalisateurs modernes pourraient s'en inspirer plus souvent et n'avoir pas peur de coller un peu plus aux romans qu'ils adaptent au cinéma. Ce film montre en tout cas que l'on peut très bien traiter un sujet avec les moyens du septième art, c'est à dire par l'image essentiellement, sans toutefois renoncer à la mettre en interaction avec les mots de l'auteur.
Concernant l'image, que dire de plus que ce qui a déjà été dit à ce sujet. Tout est admirable dans les plans, les mouvements de caméra, les portraits, la photographie.... Les longs plans séquence du bal par exemple, ne seront sans doute jamais égalés, d'autant plus qu'ils ne sont pas de la virtuosité gratuite, mais servent la démonstration politique et l'analyse psychologique du personnage central.
C'est sur l'analyse de l'évenement historique que je voudrais gloser.
Cette analyse est classiquement marxiste et cela n'est pas surprenant quand on se rappelle que Visconti était au PCI et surnommé l'aristocrate rouge. Je ne suis pas sûr que de ce point de vue le film ne prenne pas quelque distance avec l'oeuvre de Lampedusa, qui à lire des critiques du roman, est plus centrée sur la dimension sicilienne des événements.
Pour ce qui est de l'analyse marxiste orthodoxe telle qu'elle transparait dans le film, voir ce que Marx a dit de l'échec révolutionnaire dans le 18 brumaire de Napoléeon Bonaparte. Voir également les ouvrages de l'historien communiste Soboul sur Thermidor : Pour faire vite, la bourgeoisie, un moment révolutionnaire, mais rapidement effrayée par son alliance avec les forces populaires avec lesquelles elle a fait provisoirement alliance contre la noblesse, brise la dynamique progressiste qu'elle a engendrée. Dans le film, cette bourgeoisie se retourne contre son allié Garibaldien et réprime les républicains pour porter au pouvoir une monarchie qui lui garantira une place dominante dans la gestion du secteur qui l'intéresse au premier chef, l'économie. La noblesse de son côté, force sociale sur le déclin, comprenant la nécessité de céder un peu de son pouvoir pour ne pas perdre l'essentiel de ses privilèges, accepte, comme le dit le prince, de céder un peu de terrain, de "changer un peu pour que tout reste comme avant...."  Cette union, (ce mariage de raison) est illustrée, mise en scène admirablement dans le film, par le baiser (presque  incestueux) que donne le prince à la jeune promise avec la complicité du fiancé (Delon) qui détourne pudiquement le regard.....
Cette analyse classiquement marxiste a son corollaire dans la stratégie gramcsienne de compromis historique, défendue par par le PCI de Berlinguer, selon laquelle on peut éviter une prise du pouvoir par la violence et éviter une réaction contre révolutionnaire, en réalisant ce qui a échoué dans les révolutions précédentes, c'est à dire en  unissant durablement (pas seulement tactiquement) le prolétariat avec l'aile progressiste de la bourgeoisie, qui, eu égard aux transformations du capitalisme de plus en plus "monopoliste" (dixit le PCF),  aurait un intérêt "objectif" à cette union.
On a vu les brillants résultats qu'a donnés cette stratégie au Chili, en Italie et en France .........
On peut souscrire (partiellement seulement) à l'analyse du 18 brumaire faite par Marx, à celle de l'échec de la commune de Paris faite par Lénine et à celle de Visconti sur l'échec républicain lors de l'unification de l'Italie. Il y a du vrai dans cette explication du processus contre révolutionnaire, mais s'en tenir là serait par trop réducteur. La révolution française, comme le montre des ouvrages historiques récents (Furet), a débouché sur Thermidor, est tombée comme un fruit mûr, autant parce que les masses populaires elles-mêmes en avaient assez de la terreur, que par les complots d'une bourgeoisie félone, de la même manière que le système soviétique a implosé, presque de lui-même, pour des raisons plutôt endogènes, faute de pouvoir satisfaire les besoins matériels essentiels des populations conernées. Pour avoir lu quelques articles sur l'unification de l'Italie avant d'écrire ce texte, j'ai pu me persuader également que les oppositions régionales ont joué un rôle au moins aussi important que la lutte des classes dans l'échec Garibaldien d'unification autout de l'idée républicaine.
Quant  à la possibilité d'un alliance durable et structurelle (qui ne serait pas de simple circonstance avant des affrontements sanglants futurs), telle qu'elle fut exprimée en Italie dans la stratégie de compromis historique et tentée ailleurs sous des formes diverses (Chili, programme commun en France..) après les échecs sanglants et répétés d'instaurer le paradis socialiste sur terre au vingtième siècle par la dictature du prolétariat... on peut  douter sérieusement  de sa faisibilité.....
De fait, contrairement à ce rêve d'une révolution soft par une alliance entre toutes les forces "de progrès" unies contre une frange supposée infime de la population (les 200 familles), a fait long feu. Au lieu de cela, au lieu de prendre la tête d'un large front anticapitaliste ( "anti libéral" comme on le dit maintenant), au lieu de jouer le rôle dominant dans un vaste mouvement contre une minorité de profiteurs dont les intérêts de classe s'opposeraient à ceux de tous les autres et qu'il suffirait d'isoler pour gouverner pour le bien de tous, le prolétariat a toujours, soit tenté d'éliminer les classes moyennes après des révolutions "victorieuses" (Russie, révolution culturelle chinoise, Cambodge), soit été vaincu  dans le sang par la bourgeoisie, soit encore, en donnant tort à Marx et à ses ouailles, trahi carrément son rôle de classe soi-disant révolutionnaire "par essence" , en votant pour les forces de l'extrême droite.
De fait, le capitalisme, on le voit bien aujourd'hui, au lieu de rendre clair et binaire l'antagonisme entre des forces qui seraient forcément "de progrès" en raison de leur position en bas de l'échelle sociale et celles de la réaction, a au contraire débouché sur une atomisation corporatiste des couches sociales en une multitude de groupes  antagonistes (et non solidaires !!) tant au niveau national qu'international. Voir à ce sujet l'analyse de Hannah Arendt dans son ouvrage "le système totalitaire" et son concept de "masses" opposé à celui de "classes", qui décrit bien mieux, à mon sens, le rôle des couches sociales diverses dans la montée du fascisme que la vulgate marxiste traditionnelle, dont on ne voit pas très bien en outre comment elle pourrait rendre compte de la société actuelle dans sa complexité ou constituer un outil efficace au service d'une transformation possible et souhaitable du monde actuel..
Pour revenir au film, même si l'on doute des présupposés idéologiques de l'analyse politique sous-tendant tout le film, on ne peut qu'admirer la manière dont cette analyse est mise en images, illustrée par les situations dans des dialogues admirables (voir par exemple la conversation entre le prince et le conseiller venu de Rome pour lui proposer de devenir sénateur pour la Sicile), incarnée par les personnages du prince et du parvenu.
On pourra peut-être regretter, chez un réalisateur communiste, l'absence totale des couches populaires, et même de la bourgeoisie, réduites à un rôle de toile de fond pour les premières, à celui de faire valoir ridicule  pour la seconde. Visconti, en bon aristocrate qui se respecte, fût-il de gauche, s'intéresse surtout à la psychologie du prince, à son dilemme, à ses problèmes existentiels de vieil homme dépassé par les événements historiques et guetté par la vieillesse.
Malgré ces quelques réserves, le guépard est pour moi le modèle de ce que l'on peut faire dans l'adaptation d'un roman historique à l'écran.
Bravo monsieur Visconti...

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