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Quel rapport entre Joyce et Jean-claude Fournier ? me direz-vous... 
C'est que mon roman "Le prince des parquets-salons" contient des passages dans lesquels un parallèle - osé penserez vous entre Ulysse, l'oeuvre de Joyce et mon roman "le prince des parquets-salons".

Mais jugez-en vous même en lisant l'extrait de mon livre donné ci-dessous qui établit un parallèle entre le destin du héros de Joyce et celui de Côtelette, le personnage principal dans "Le Prince des parquets-salons". 
- Malgré la différence d'âge, les deux en effet traînent dans les endroits mal famés de la ville.

- Dans les deux cas, - c'est un juif qui sert de père de substitution au "fils" de coeur.

- Le nom du père de substitution est Lafleur dans le prince , Bloom dans Ulysse, ce qui est la version anglaise du mot allemand Blum, qui lui-même signifie fleur. Coïncidence ? Pas vraiment...
Là s'arrête la comparaison car Montluçon n'est pas Dublin, comme il est dit dans le passage qui suit. Quoique.... A vous de juger si la référence littéraire à Ulysse est pertinente et apporte un chouilla d'universalité à mon livre, sont je considère qu'il n'est pas qu'un simple "roman de terroir"... Il l'est bien sûr, mais pas que.... Non mais des fois...
Extrait de mon roman :
"Lafleur le plaignit, lui et ceux de sa génération, de n’avoir pas connu la glorieuse époque des bordels. Il lui dit que s’il avait été avec eux, ils se seraient sentis moins ridicules. Il leur aurait présenté les dames et les choses se seraient faites « naturellement». En l’entendant parler, Côtelette se rappela une sortie au dancing local avec Lafleur, un samedi soir où la voiture de Bodin était pleine, la Deux-chevaux de Bavette indisponible et où il n’avait donc pu être de la virée champêtre hebdomadaire. Lorsqu’ils revenaient vers le centre-ville à pied, bredouilles, bien éméchés et titubant tous les deux, l’ancien le surprit. Il voulut pisser dans le Cher ─ qu’il appela « la Liffey » ─ du haut du pont Saint-Pierre où ils se trouvaient. Tout en vidant sa vessie, il se mit à déclamer d’une voix étrange. Il laissait parfois entendre qu’il avait été déporté, sans le dire clairement, ni démentir les rumeurs selon lesquelles Lafleur serait en fait l’équivalent français de son véritable nom, juif celui-là. Ce jour-là, il parla de l’Odyssée et des pérégrinations d’Ulysse, de son difficile retour de la guerre de Troie en destination d’Ithaque, de sa femme, qui, elle, avait su l’attendre et lui rester fidèle, du fils qu’elle avait donné au héros antique avant son départ et que Lafleur aurait voulu avoir de son épouse légère. Il ajouta que les choses avaient bien changé depuis les Grecs, que tous les p’tits gars partis se faire casser la gueule dans les djebels, ou qui avaient fait les camps, n’avaient pas retrouvé une Pénélope qui les attendait sagement et leur tricotait des pulls pour l’hiver. Le parallèle tracé entre l’antiquité et le présent ne convainquit pas vraiment le fils du boucher, bien qu’il abusât lui aussi de ce genre de rapprochements osés entre ses lectures et la vie réelle. Alors qu’il urinait avec son mentor dans la rivière, rebaptisée pour la circonstance du nom de celle qui traverse Dublin, il se dit que Stephen et Léopold, les personnages du roman dont parlait souvent son aîné, se seraient sentis très à l’étroit dans leur petite ville. Lorsque tous les gars de la bande pissaient en chœur devant un paysage qu’ils avaient choisi pour abriter leur communion païenne, Côtelette eût été incapable d’exprimer les choses comme le faisait en ce moment son partenaire. Celui-ci récitait, sans doute de mémoire, un passage de son livre de chevet appris par cœur : «Stephen d’abord, ensuite Bloom, se mirent à uriner dans la pénombre, côte à côte, leurs organes de miction rendus réciproquement invisibles par l’interposition de la main, leurs regards, d’abord celui de Bloom, puis celui de Stephen, levés vers la projection lumineuse et semi lumineuse de l’ombre. »
En entendant l’autre divaguer ainsi, Côtelette se dit que lui et ses potes n’avaient pas besoin d’un gars qui se prétendait juif errant ─ ou voulait faire oublier qu’il l’était ─ pour blasphémer contre Dieu, les saints, les anges, le petit Jésus, la vierge Marie, le Saint Esprit, le pape, les évêques, le curé qui leur avait fait le « cathé » et tout le bataclan. Mais ils ne prétendaient à aucune once d’universalité pour leur révolte, sauf peut-être le vaniteux Côtelette, en son for intérieur. Au sortir d’un bal, il leur arrivait de pisser tout en marchant le long des rues désertes de la cité. Mais ils n’imaginaient pas que les paillardes qu’ils adressaient, faute de mieux, aux cheminées de l’usine Saint-Jacques ou au vieux château, puissent ressembler aux cris poussés par des personnages de roman. Ici, pas de Liffey, rendue célèbre par ceux qui en ont parlé dans les livres. Pas de Trinity College non plus. Montluçon pourrait sans doute être qualifié, de « dirty old town », comme l’est Dublin dans des chansons populaires irlandaises. Mais toute autre comparaison avec la capitale de l’Eire serait déplacée. Ces fils du peuple ne fréquenteraient sans doute jamais l’université. Même les normiauds * finiraient instits dans la campagne pendant que les fils de bourgeois iraient faire les « marlous » dans la capitale auvergnate.
* les normaliens de l'école normale d'instituteurs de Moulins

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