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19 août 2007 7 19 /08 /août /2007 13:23

Mes lectures de vacances

Etant affligé d'une hernie et ne pouvant marcher, j'ai eu largement le temps de m'adonner à l'un de mes vices cet été, et voilà le fruit des réflexions :

Amsterdam : Un roman anglais (lu en vo) de Ian Mac Ewan, un écrivain britannique déjà reconnu outre Manche. Ce livre a obtenu le Booker prize, le goncourt pour la littérature de langue anglaise

Deux hommes, deux amis de longue date, l'un journaliste, l'autre compositeur se brouillent lorsque le journaliste, devenu rédacteur en chef, veut révéler un secret à scandale concernant la vie privée d'un de ses ennemis politiques, conservateur ripoux en passe de devenir premier ministre. Son ami musicien, bien que partageant des sympathies de gauche conseille à son ami, au nom du respect de la vie privée, et des valeurs démocratiques qu'ils partagent, de ne pas révéler  le scandale, fût-ce pour éviter au pays la vague de réformes de droite qui sont à attendre si ce politicien venait à prendre le pouvoir. Le patron de presse a des motifs moins nobles pour vouloir sâlir la réputation du ministre. Il compte ainsi asseoir sa position de rédacteur en chef (qui n'est pas totalement acquise) en boostant les ventes du journal.

Son ami musicien, de son côté, doit terminer une symphonie de commande sur laquelle il compte pour devenir une sorte de compositeur officiel du régime. Il est le témoin d'une agression lors d'une de ses promenades dans la région des lacs, mais n'intervient pas, de crainte que l'inspiration survenue lors de sa promenade ne soit perturbée en venant au secours de la victime.

Le journaliste échouera dans sa tentative de déstabilisation du futur premier ministre et le musicien sera dénoncé à la police par son ami voulant se venger du manque de soutien du compositeur pendant les épreuves qu'il a dû traverser lorsque lla stratégie qu'il avait imaginée se retourne contre lui.

Les deux hommes se réconcilieront finalement après que leurs objectifs respectifs aient échoués.

A travers la destinée de ces deux hommes, Mac Ewan dresse un tableau très pessimiste de la vie culturelle et politique du Royaume uni. Il connaît très bien la musique, posséde une grande culture et , tout en  analysant avec une extrême précision les problèmes auxquels est confronté le musicien en train de composer sa symphonie, il nous convie à une réflexion sur l'acte créatif en général, les choix que tout artiste doit faire pour concilier cohérence globale de l'oeuvre et détours narratifs ou détails accessoires .

A lire si vous voulez faire la connaissance d'un écrivain britannique contemporain important.

De lui, j'avais lu précédemment "The cement garden", récit d'enfants dont la mère meurt et qui décident de l'enterrer dans leur jardin sans révéler son décès aux voisins et aux proches. Livre dérangeant, très différent d'Amsterdam, mais dans lequel on trouvait déjà l'écriture brillante et très particulière de Mc Ewan, dont je ne puis dire si elle est rendue avec brio par la traduction, ayant lu ce livre en VO.

"J'ai épousé un communiste", de Philip Roth. L'auteur, également et entre autres, de "la tache humaine", roman adapté à l'écran il y a deux ans, avec Anthony Hopkins dans le rôle du héros principal :

Histoire d'un communiste américain, racontée par son frère - ancien professeur charismatique -  au narrateur, qui grâce à ce prof, s'éveilla à la littérature, à la réflexion, et devint l'ami de ce marxiste atypique, autodidacte, peu cultivé, devenu célèbre en travaillant à la radio, ayant épousé une actrice célèbre et mené une vie peu en rapport avec ses convictions politiques, ayant finalement été brisé par sa relation avec sa femme, qui le dénoncera aux autorités pendant la période du Mac Arthysme.

Ce livre est le portrait féroce de l'Amérique, des années 20 au début de l'après-guerre. Il dénonce tout à la fois la cruauté du système capitaliste sauvage des années trente,  la dictature de la culture de masse américaine des années 50, et  la dictature du prolétariat telle qu'elle triompha en URSS et que voulaient linstaurer les communistes américains ultra sectaires et minoritaires de l'époque, sans tenir compte du pays réel, de l'évolution des pays dans lesquels sévissait le "rêve" communiste et du monde tel qu'il était en train de se transformer.

Philip Roth est un écrivain de gauche qui garde son esprit critique. Il se méfie surtout de la force généralisatrice de l'utopie et de l'idéologie, à laquelle il oppose l'énergie "particularisante" de l'art et de la littérature, qui est le meilleur antidote contre la bête immonde totalitaire, de quelque bord qu'elle surgisse.

Là encore, je ne puis dire si la traduction rend justice au style, ayant lu ce roman, comme tous les ouvrages d'auteurs anglo saxons, en VO.

White teeth (Sourires de loup en Français), publié en livre de poche Folio) Auteur : Zadie Smith

Cette jeune auteure d'origine jamaicaine et anglaise obtint un succès immédiat pour ce premier roman, écrit à 25 ans seulement. Les droits du livres furent même achetés avant même qu'il soit terminé, à un éditeur ayant lu les cent premières pages seulement lors de la foire du livre à Francfort.t

C'est un roman foisonnant, à l'écriture baroque et flamboyante, s'inscrivant dans la tradition du grand roman anglais, de Fielding aux "Enfants de minuit" de Salman Rushdie, en passant par Dickens, rendant compte de la cociété anglaise en mutation, de ses crises, de la diversité des ses communautés et de son caraxtère multi-ethnique et multi culturel. Un livre cependant très profondément  "british" par son  humour décapant. et dévastateur, se moquant tout à la fois de la classe moyenne cultivée, des petits blancs racistes de la classe ouvrière, des "racailles" de banlieue totalement ignorantes de leur culture d'origine mais revendiquant cependant des racines qui leur sont totalement étrangères et inconnues.  La langue est celle de la rue, totalement baroque et flamboyante elle aussi, un anglais en pleine mutation, sabir de cockney de la classe ouvrière, d'anglais standard de la télé et de la pub et de "pidgin" post-moderne. (petit nègre des banlieues, des minorités jamaicaines et indo pakistanaises) Je serais d'ailleurs curieux de lire ce roman également dans la traduction française pour voir comment cette énergie linguistique, ce mélange des genres et de styles a été adapté par le traducteur.

Les héros en sont un cockney de base inculte et un indien originaire du Bengale, possédant un vernis de culture, attaché à ses racines, voulant pour ses deux fils une éducation de bons musulmans, qui ne pouvant payer deux billets d'avions, envoie, contre l'avis de sa femme, et de son entourage,  l'un de ses deux rejetons au Bengale afin de le protéger contre la corruption et les vices occidentaux,. Les deux compères ont fait la 2ème guerre mondiale ensemble, gonflent tout le monde et leur famille en particulier en rabâchant leurs souvenirs militaires pas très glorieux, et pour ce qui concerne le bengali, les exploits (très improbables et contestés) d'un ancêtre qui aurait le premier mené une rebellion contre l'envahisseur anglais. Il sont tous les deux épousé sur le tard des femmes beaucoup plus jeunes et leur ont fait des enfants qui sont à l'image des adolescents actuels issus des minorités : Le fils resté en angleterre du Pakistanais est un petit délinquant, leader charismatique d'une petite bande qui sera sensible aux fatwas prononcées par les barbus fondamentalistes de Bradford et ira brûler le livre d'un écrivain ayant "blasphémé" contre l'islam, et qui en profitera pour piller quelques magasins et agresser quelques passants "infidèles". Le frère de cette petite frappe néanmoins sympathique, celui qui fut exilé d'autorité par le père vers l'Inde, fait des études de droit. C'est l'intello, la fierté de son père, qui en fait ne sait pas très bien ce qu'il devient là-bas et dont on peut douter, eu égard à sa rationalité et à son désir de modernisation de la société indienne, qu'il devienne ce que son père a imaginé pour lui en l'exilant dans le sous-continent. Je ne puis vous dire ce qu'il devient, étant en train de teminer le bouquin et désireux de toutes façons de ne pas dévoiler la suite afin de vous donner l'envie de découvrir lle destin des personnages par vous-mêmes. Autres personnages savoureux de cette fable sociale, inscrite totalement dans l'histoire et la société actuelle du Royaume Uni, contrairement à une certaine littérature française trop souvent déconnectée du réel, digne du Tom Jones de Fielding ou de Dickens :

- La mère des deux enfants de l'Indien, mariée à cet homme plus vieux qu'elle et ramenée par lui en angleterre, est tout à fait intégrée, apprécie la modernité et le confort de l'occident, est hostile aux véléités fondamentalistes de son époux et cependant attachée à ce que ses enfants ne perdent pas leurs racines.

- Sa nièce, lesbienne totalement impie, menant une vie "honteuse" pour sa tante, qui  ne l'excommunie toutefois pas et lui demande souvent son avis pour l'éducation de ses propres enfants et dans la façon de gérer son couple.

- La fille du cokney, de mère jamaicaine, amoureuse du fils délinquant du Bengali et désireuse de s'intégrer, fréquentant assidument la maison d'un couple d'intellectuels d'origine juive mais identifiés comme étant anglais pur sang

Les deux géniteurs de cette descendance bigarrée sont les meilleurs amis du monde, fréquentent le même pub tenu par un pakistanais à l'idéologie plus british-de-base-que-lui-tu-meurs, se bourrent la gueule régulièrement dans ce boui boui en ressassant leurs souvenirs de guerre et en débitant des brèves de comptoir savoureuses avec les autres clients, le pakistanais, faisant rigoler tout le monde avec son ancètre soi-disant anticolonialiste et sa prétension à se purifier et à se comporter dans un avenir incertain comme un bon musulman.

J'en suis à peu près là dans ma lecture et j'ai hâte de découvrir la fin de cette histoire, tant ce roman est passionant. Je pense en avoir suffisamment dit pour vous donner envie de le lire.

Bonne chance et n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires si vous vous embarquez dans ce pavé qui se lit très bien....

Un lien vers une page sur le livre => http://www.sitartmag.com/zadiesmith.htm

D'autes lectures d'été (en Français):

- "Provence" de Giono, un recueil de textes écrit par l'écrivain et nous livrant une provence profonde, loins des guides touristiques et des pagnoleries folkoriques.

Les paysages parcourus sont décrits avec la force lyrique de Giono. Si on aime l'auteur, on aimera ces itinéraires parcourus avec lenteur et empathie.

-

 

 

 

 

- "Ma provence d'heureuse rencontre" de Pierre Magnan,

Un écrivain provençal, disciple et ami de Giono, qui écrit des polars se déroulant dans la région de Forcalquier. Le livre que j'ai lu est lui aussi un recueil de textes sur la Provence, célèbrant une provence inconnue et selon l'auteur "authentique". Belles pages, très bien écrites, donnant envie de lire l'un de ses polars.

 

 

 

- L'enfant et la rivière, de Jean Bosco :

Un conte provençal. Un enfant attiré par la rivière qui longe la propriété de ses parents y fait la rencontre d'un autre enfant, un orphelin poursuivi par des gens du voyage. Ils dérivent le long du courant pendant plusieurs jours, font des rencontres mystérieuses, sont retrouvés, se lient d'amitié. Bosco connait bien le le milieu aquatique qu'il décrit, la faune et la flore d'une rivière de Provence/ Une sorte de Tom Sawyer à la française au message moins universel cependant que le roman américain. Un joli livre, plutôt à claser dans un rayon de bibliothèque consacfré à la littérature de jeunesse mais pouvant être dégusté avec plaisir par des adultes, s'ils aiment la Provence. Il n'y a quand même pas le souffle épique que l'on trouve chez Giono..... 

 

- "Zones" de Jean Rollin, journaliste et écrivain : Recueils de textes sur des lieux parcourus par le narrateur (l'auteur ?) dans un Paris et une banlieue découverts lors d'une errance au hasard des lignes de métro choisies de manière aléatoire et des nuits passées volontairement dans des hôtels bon marché et de bars de la périphérie parisienne. Le narrateur s'intéresse surtout aux quartiers en mutation, terrains vagues, cités en cours de démolition, vie et êtres à la dérive rencontrés autour de et sous les échangeurs autoroutiers et des noman's land.peuplés d'un quart-monde abandonn" par la modernité aux franges de la capitale

Le narrateur s'installe à des comptoirs de troquets lugubres, des bars PMU, des buffets de gare, écoute les conversations, commente les échanges surpris entre clients interlopes ou employés plus cravatés mais cependant avinés. Le plus souvent, ce sont les lieux communs concernant la politique, les célébrités, le sport, les "faits de société" tout ce que l'on entend dans la rue, dans les média, dans les spots publiciaitres, sans y prêtrer attention tant ils polluent idéologiquement de manière insidieuse notre façon de penser et d'être présent au monde, sans que en ayons toujours conscience.

Un anti -guide touristique de l'Ile de France, dérangeant, donnant cependant l'envie d'errer soi-même à la dérive dans ces "zones" et de prêter attention à la "poésie" sisnistre de ce monde à la fois proche et lointain, exotique, même pour les petits bourgeois issus de couches populairesque nous sommes devenus.

Sorte de documentaire écrit, avec une voix off décalée par rapport à ce qui est donné à voir, miroir insolite de l'urbanité blafarde de nos cités, de la dérive sociétale contemporaine. Une chronique désespérée et désespérante de l'absurdité au quotidien, de la solitude des êtres dans les grandes mégalopoles modernes.

A ne surtout pas lire si vous souffrez d'une dépression !!!!!!!

Mais intéressant quand même, tant pour l'écriture que pour le projet littéraire.

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